Zéro sujets, zéro ressources, une pauvre image, et, à l'instant où sont tapées ces lignes, quatre évaluations dont deux avis. Point.
C'est ce qu'a récolté sur ce site la mise-à-jour du quasi-mythologique RoboRally du semi-divin Richard "Dick" Garfield deux ans après sa publication par les grossistes de chez Hasbro/Avalon Hill.
Plutôt mince, eu égard au pedigree de cette pépite délicieusement régressive qui figure sans doute au panthéon des jeux de société du XXème siècle tardif, et la faute en revient au grossiste sus-épinglé, coupable d'avoir pondu un oeuf en plastoc aussi sexy qu'un monopoly de voyage.
J'exagère.
C'est parce que je suis en colère.
Car enfin! Pour l'actualisation de Roborally on pouvait - on devait - s'attendre à beaucoup plus de soin et d'ambition bordel. Au lieu de quoi qu'avons-nous là? Un objet minimal, petit, maigre, cheap, dénué de toute prétention comme dépourvu d'âme graphique. Un produit emballé-c'est-pesé pour les catégories "Jeux et Jouets" qui fleure bon la réduction des coûts à chaque étape. Pas de vf. à l'horizon 2050; tu m'étonnes!
J'en rajoute?
Un peu.
Heureusement sous la pacotille, il y a les règles.
Il ne s'agit pas d'une réédition mais bien d'une nouvelle version fondue dans un nouveau moule: L'essentiel fait bien sûr toujours autorité, soit la programmation d'une course de robots déglinguos dans une usine orthonormée constellée de tapis roulants, de fosses, de lasers, de poussoirs, bref, d'éléments retors générateurs du chaos attendu à chaque partie.
L'auteur y a cependant greffé quelques principes ludiques bienvenus:
- Finie la grosse pioche capricieuse de cartes programmation commune à tous les joueurs et sans cesse rebattue: chacun possède maintenant son deck perso de 20 cartes. C'est mieux, ça tempère le hasard et son lot de mauvaises donnes.
- Finis les programmes verrouillés et les trois points de vie avant extinction définitive; Chaque fois qu'un robot est endommagé une carte SPAM vient maintenant parasiter et donc diluer son deck de programmation. Parler de deckbuilding semble tout de même exagéré, mais on en est pas loin.
Effet collatéral significatif: On ne peut plus mourir; tout le monde va jusqu'au terme de la course qui reste donc disputée.
- Les cartes options ont elles aussi été révisées et c'est tant mieux: On glane maintenant des marqueurs d'énergie disséminés sur le plateau de l'usine avec lesquels on s'achète du matos rigolo, dont les effets peuvent être ponctuels ou permanents. Les règles de l'éditeur prévoient que les joueurs fassent leur choix sur une ligne d'achat révélée et réassortit à chaque tour de jeu - mais ça contrarie un poil le rythme des tours et mieux vaut s'aligner sur ce qu'avait initialement prévu l'auteur: Chaque joueur commence avec une petite main d'options qu'il active en en payant le coût d'énergie, et peut refaire sa main en piochant dans la pile d'options. Plus simple, pas de temps mort.
- L'ordre de jeu est maintenant déterminé par la position des robots par rapport à une antenne symbolisée par une p'tite figurine placée sur le plateau. Principe simple qui ajoute un paramètre non négligeable à la configuration des courses.
- Last but not least, les mensurations des plateaux représentant l'usine ont été ramenées à 10 cases par 10 plutôt que les 12 par 12 de l'ancienne version. 40 cases de moins c'est une bonne chose car plus l'espace est resserré plus les p'tits robots ont des chances d'interagir en se rentrant les uns dans les autres, ce qui est l'un des intérêts de ce jeu qui ne s’épanouit jamais mieux que dans un joyeux carambolage généralisé.
- Quoi d'autre? Des p'tits réglages: Plus de "Power Down" devenus inutiles (encore un gain de rapidité puisqu'une étape en moins); plus de pions sauvegarde pour les reboots non plus, désormais on reboot sur une case du plateau prédéfinie valable pour tout le monde (Est-ce mieux ou pas, je ne parviens pas à trancher). Et nous avons fait à peu près le tour.
Il faut donc reconnaître que cette refonte en a sous le capot et fait vite oublier une version antérieure pourtant toujours vaillante - le jeu devient plus fluide, plus dense, plus disputé, plus fun.
L'actualisation est justifiée et réussie.
Le matos est quant à lui décevant et frustrant (mention spéciale aux tableaux de contrôle des joueurs bricolés avec un Thomson MO5), mais admettons que la remarque vaut surtout pour ceux qui connaissaient déjà l'édition de 1994 et pouvaient donc nourrir quelques attentes légitimes quoique bassement matérielles.
Les deux moutures étant fort heureusement compatibles il reste en tout cas intéressant de se procurer les nombreux anciens plateaux qui non contents d'ajouter variété et difficulté aux courses ont aussi vachement plus de gueule.
En somme, un auteur toujours over the top dévalorisé par un éditeur mainstream qui n'a pas que ça à faire.
Note: S'il vous prend l'envie saugrenue d'acquérir d'autres modèles de robots je vous conseille ceux-là:
On peut toujours compter sur quelques zigs pour en vendre des copies déjà moulées sur eBay ou ailleurs.